samedi 6 juin 2009

LA CHINE DU LOESS

«Cela a commencé il y a deux millions d’années, nous disent les géologues. Les vents violents entortillés de sable du désert de Gobi descendirent vers  le sud en gigantesques vagues successives. Sur leurs longs passages, des milliards et des milliards de tonnes de lœss, une sorte de limon jaune, fin, onctueux, et sec comme de la farine de maïs, tombèrent sur le sol en neige d’or, tapissant quelque six cent mille kilomètres carrés d’épaisses couches superposées. D’où Huang Tu Gao Yuan, Plateaux de Terre Jaune.» WEI-WEI - Fleurs de Chine

13 - 05- 09 -

Pas le temps de s’ennuyer entre la contemplation des paysages montagneux, des défilés impressionnants (et un certain nombre de tunnels), 

 
 
 
 


 ou l’apéritif improvisé dans les compartiments...


Joyeuse et vive à la répartie, notre guide locale (son prénom chinois signifie «Phénix», mais pour nous elle sera «Alice» («parce qu’Alice au pays des merveilles.. » dit-elle) nous accueille à la gare et nous conduit, à cette heure tardive, à l’hôtel. Les merveilles seront pour demain…

14-05-09 – – Datong, la ville la plus au nord de la province du Shanxi

(Xan/Shan = montagne – Xi/Shi = ouest)

La province du Shanxi est souvent considérée comme le berceau de la civilisation chinoise. C'est près de Lantian que fut découvert l'Homme de Lantian, le plus vieil ancêtre des Chinois.

La superficie du Shanxi couvre cent soixante-dix mille kilomètres carrés. Elle compte à peine vingt-sept millions d’habitants, ce qui permet de la considérer comme peu peuplée, aux normes chinoises (en Chine 36 villes de plus d’un million d’habitants).

Pendant plus de 1 100 ans, treize dynasties y établirent leur capitale, et elle resta ainsi le centre politique de la Chine depuis la dynastie Zhou jusqu'à la chute de la dynastie Tang au tout début du xe siècle.

Nous sommes dans le pays du lœss, pays de la sécheresse (300 mm de précipitations par an), «à cette saison la pluie coûte plus cher que l’huile» dit le proverbe. Toujours beaucoup de vent ici et l’hiver est très froid (jusqu’à -30°). On y cultive le sorgho qui résiste au grand froid. Une «muraille verte», nous dit Alice, dont la réalisation a débuté en 1978, vise à transformer la situation inquiétante de ces régions due à la fuite d'eau et à l'érosion du sol ainsi qu'aux calamités provoquées par les vents de sable.

Beaucoup de mines de charbon dans cette région (jusqu’à une profondeur de 300 mètres). Un tiers de la population a une activité directe ou indirecte en rapport avec le charbon.

 -->  Lien : http://fr.beijing2008.cn/48/91/article212029148.shtml

• Les grottes de Yungang

Départ à 9 heures pour les grottes bouddhiques de Yungang.

Les grottes de Yungang sont l'un des plus célèbres sites anciens de sculpture (53 grottes de taille variable et 51 000 statues). Ces grottes furent creusées et sculptées dans le grès tendre, puis peintes entre 460 et 493 sous le patronage des empereurs Wei du Nord (420-534). 160 000 personnes y travaillèrent à la période impériale. L'ensemble, qui s'étend sur une falaise longue d'environ 1 400 mètres, 


 















compte cinq grottes ornées de Bouddhas de taille colossale (le plus grand mesure 17 mètres de hauteur), auxquelles s'ajoutent quarante-huit grottes de taille variable. Les cinq grottes aménagées par Tan Yao sont considérées comme un chef d'œuvre classique de la première apogée de l'art rupestre bouddhique en Chine. Le style combine à la fois les formes de l'art traditionnel chinois et des influences étrangères : après avoir traversé la Perse le style hellénistique est parvenu dans le Gandhara, au nord de l’Inde actuelle où il s’est fondu dans les traditions locales. De là, le bouddhisme a été exporté par les marchands le long de la route de la soie jusqu’en Chine.

L'arrivée sur le site ressemble à toutes ses consoeurs au milieu de la bimbeloterie habituelle,

 
 





mais la suite est  impressionnante...

 (les statues étaient peintes. On remarque des trous : des chevilles étaient plantées dans l'argile pour protéger celui-ci et éventuellement pour le recouvrir de peinture)









(Bouddha Sakyamuni)

Siddhārtha Gautama, dit Shākyamuni («sage des Śākya») ou le Bouddha, fondateur historique d'une communauté de moines errants, qui devint par la suite le bouddhisme, est un chef spirituel qui vécut au VIe siècle avant l'ère chrétienne.

 Il aurait vécu à peu près quatre-vingts ans, mais les traditions ne s'accordent pas sur les dates exactes de sa naissance et de sa "mort".

Le titre de Bouddha (en sanskrit buddha, «éveillé», participe passé passif de racine sanskrite budh-, «s'éveiller») lui a été accordé plus tard par ses disciples. Il est également connu comme un Tathāgata, «celui qui est venu/allé ainsi» prêcher la bonne Loi (ou dharma). Le Bouddha est la figure clé du bouddhisme. On le nomme traditionnellement Bouddha Shākyamuni.

Dans le bouddhisme, «l'éveil » est la compréhension parfaite et la réalisation des quatre nobles vérités (La vérité de la souffrance : toute vie implique la souffrance, l'insatisfaction ; la vérité de l'origine de la souffrance : elle repose dans le désir, les attachements ; la vérité de la cessation de la souffrance : la fin de la souffrance est possible ; la vérité du chemin : le chemin menant à la fin de la souffrance est la voie médiane).

Il s'agit de se réveiller du cauchemar des renaissances successives (samsara). L'homme éveillé atteint le nirvāa (l'illumination), et échappe complètement à la souffrance lors de sa mort. Le cycle des renaissances et des morts est alors brisé.

Les bodhisattvas («ceux qui sont éveillés») ont la possibilité de se maintenir dans le monde sans toutefois produire de karma, par compassion pour les êtres vivants, qu'ils vont alors guider à leur tour vers l'éveil.

Dans le Bouddhisme, le terme arhat désigne le dernier état de la sagesse, mais pour soi. Il existe une différence entre un arhat et un bouddha en ce que l'arhat a atteint l'Éveil suite à un enseignement, alors qu'un bouddha l'a atteint par lui-même. Dans les textes du bouddhisme mahâyâna, l'idéal de l'arhat est délaissé au profit de celui de bodhisattva considéré comme plus altruïste et plus accessible aux laïcs. Il est en quelque sorte un état intermédiaire, étape sur la voie du parfait éveil. 

A la sortie, nous n'hésitons pas à offrir nos encens à des  divinités aussi grandioses.


 

 
 































Le monastère Huayuan et le mur des neuf dragons
Le début de l’après-midi est consacré à la visite du monastère Huayuan, construit au IIe siècle à la limite de la vieille ville, un des hauts lieux de prières bouddhistes du pays.









(la marmite à encens)



 





(la tour de la cloche : dans tous les temples bouddhistes ainsi que dans certaines villes il y a des tours de la cloche et du tambour. La cloche sonnait le matin pour inviter les moines à la prière ou bien pour annoncer en ville que les portes étaient ouvertes et que l'on pouvait circuler. Le tambour résonnait le soir pour indiquer que c'était l'heure du repos ou la fermeture des portes de la ville).


Puis une visite au mur aux neuf Dragons qui se trouve à quelques minutes de marche à peine, à l’Est du monastère Huayuan. Ce mur fut construit en 1392. Il mesure cinquante mètres de long, huit mètres de haut et deux mètres de large. Les dragons sont en brique émaillée.

 


(mur des neuf dragons)







Enfin, pour faire bonne mesure quelques frivolités : 

• un long séjour dans une pharmacie où le groupe s'abat comme une volée de moineaux à la recherche de "baume du tigre" dont il faut envoyer chercher des quantités astronomiques - pour le magasin - dans les pharmacies voisines...



un petit tour chez le coiffeur dont Dominique nous a appris qu'ici il accompagne le shampoing d'un massage de tête bienfaisant. Encore une volée de moineaux déboulant dans la boutique à l'amusement des jeunes coiffeurs aussi joyeux que nous et qui nous offrent pour patienter un verre d'eau chaude comme c'est la coutume...


 
• et à la sortie une dégustation de thé dans une boutique de thé voisine.


 
 

15-05-09 –
 • Le temple suspendu de Xuankong
A 75 kilomètres de Datong, le temple suspendu de Xuankong réunit les trois philosophies/religions : bouddhisme, confucianisme et taoïsme. Le Temple Xuankong s'appelait auparavant le «Pavillon vide et mystérieux». L'adjectif «mystérieux» provient de la doctrine du taoïsme, une religion traditionnelle chinoise, tandis que le terme «vide» vient du bouddhisme. Le changement de nom de «Pavillon vide et mystérieux» en «Temple Xuankong» (temple suspendu) est dû au fait que l`ensemble de la construction semble être suspendu à la falaise. En chinois, la prononciation du mot «Xuankong» (qui signifie « suspendu ») et celle du mot « mystérieux » sont identiques.
Suspendu à 50 mètres de haut, il est collé à la falaise de façon impressionnante. Un temple sur la falaise ? Il s'agissait d'éviter les inondations et de chasser les "mauvais esprits" par les prières...
Tant pis pour le vertige, j'ai pris quelques photos des toits.

 
Ce temple fut construit au Vè siècle mais ce qu'il en reste date du 14è. Sa construction relève de la prouesse technique et acrobatique. Des poteaux de bois lancés du haut de la montagne furent fixés dans les rochers par des ouvriers encordés. Ce temple a ainsi sous sa base une dizaine d'étais de bois mais qui ne soutiennent pas du tout la construction. Ce qui tient réellement le temple, ce sont les poutres insérées profondément dans le rocher. Ces poutres sont fabriquées en bois tsugas de Chine. 

Fut bâti ainsi une sorte de balcon sur lequel prirent appui quarante pavillons. Epargné par la Révolution culturelle, le monastère est aujourd’hui l’une des rares constructions en bois de cette époque qui ait survécu. Les roches saillantes de la falaise évitent l'érosion pluviale. Lors des crues, les eaux de la rivière coulant en contrebas n'atteignent pas le temple, tandis que la hauteur des sommets autour du temple le protège des chaleurs. En été, le temple n'est en effet ensoleillé que pendant trois heures dans la journée. C’est pourquoi le «Temple suspendu» est si bien conservé depuis plus de 1000 ans bien qu'il soit entièrement construit en bois (actuellement en Chine encore 146 constructions à charpente de bois et 106 dans cette région grâce à sa sécheresse).

 Le dernier moine est parti en 1988.



Avant de rejoindre la Pagode de Yingxian,  50 kilomètres de route avec le car. Au passage un paysage campagnard : village-ferme, vaches laitières, chèvres, moutons (et bergers), des étables d'été, des étables d'hiver de chaque côté de la route...
Mais auparavant la visite de quelques nourritures terrestres dans l'habituel décor kitch d'un restaurant... 


 
Le village est entièrement refait à neuf : "La Chine est en reconstruction" dit Alice... Oui, un immense chantier partout, à la ville, à la campagne (même dans les villages les plus reculés, les rues sont défoncées et les maisons poussent comme des champignons) où rues et avenues sont éventrées tandis que tout un monde surréaliste continue d'aller d'un pas imperturbable au milieu de la poussière et des gravats. Un chantier sur tous les plans (urbanisme, routes, barrages, plantations d'arbres), c'est une Chine fourmilière qui est occupée jour et nuit à se faire belle de A à Z.

 • La Pagode de bois de Yingxian 


 
La pagode de Sakyamouni, ou "pagode de bois" de Yingxian, est située dans l'enceinte du temple Fogong. Elle fut construite en 1056 (et restaurée au 14è siècle) la seconde année du règne de l'empereur Qingning de la Dynastie des Liao et la construction de l'ensemble de la pagode a duré au total 140 ans. Cette pagode octogonale de 67, 31 mètres de hauteur et de 30,27 mètres de diamètre à sa base, comprend neuf étages dont quatre sont cachés entre deux autres étages. Ses proportions harmonieuses et sa structure complexe font d'elle un édifice majestueux et rare. Il s'agit en outre de la plus ancienne pagode de bois de Chine toute en tenons et mortaises. 

Un Bouddha impressionnant, une vue sur les toits de la ville et toujours à l'entrée, les farouches gardiens de porte...
  
15 heures : tandis qu'"Alice" reprend le train pour Datong, nous continuons en car jusqu'à Taiyuan en traversant un paysage somptueux de montagnes (et à l'horizon, un instant, la Grande Muraille). A Taiyuan ce sera "Hélène", autre guide locale, qui prendra le relais et nous accompagnera avec le car jusqu'à Xi'An.
Taiyuan, une "toute petite ville" (capitale de la province du Shanxi, qui comptait près de 3 414 000 habitants en 2004...) : une heure d'embouteillages pour entrer dans la ville au milieu des travaux (toutes les avenues ont été élargies depuis l'an dernier, nous dira Hélène), sans oublier qu'à cette heure-ci, les deux roues envahissent la chaussée de façon impressionnante... 
 





Taiyuan (de son ancien nom "Jinyang") est un des centres urbains les plus anciens du pays né au IIIe siècle avant Jésus-Christ, capitale de la Chine pendant le règne du roi Xiang, de la dynastie Xia, et capitale du Royaume de Zhao au début de la période des royaumes combattants. Egalement lieu de naissance de la dynastie Tang en tant que l'une des trois capitales de l'empire. Jinyang fut détruite en l'an 979 par les armées Song, mais reconstruite en 982. Ville fortifiée occupant une position militaire enviable, Jinyang fut renommée Taiyuan durant la dynastie Qing. Située à 800 mètres d'altitude au coeur d'un riche bassin que draine le Fenhe (1), principal cours d'eau de la province (659 kilomètres), Taiyuan est aussi une des premières villes industrielles chinoises : au début du XXe siècle, elle bénéficia en effet de l'implantation de filatures de coton, d'usines d'outillage agricole, d'industries alimentaires mais aussi, aujourd'hui, cimenteries, centrales thermiques au charbon, sidérurgie (1er producteur  d'acier inoxydable dans le monde)... Un hiver long (du 1er novembre au 31 mars il faut chauffer la maison), peu de pluie (400 à 600 mm) et beaucoup de pollution bien sûr (on commence à fermer quelques usines qui polluaient beaucoup, nous dit Hélène). 
(1) On appelle également "Fen" de l'alcool de sorgho très fort -. Aromatisé avec des pétales de roses c'est le Mei kei lu. Les Chinois sont de grands amateurs d'alcool : le Maotai (53°) est un alcool à base de sorgho et de blé. Pour le préparer il est nécessaire de procéder à sept fermentations et huit distillations pendant neuf mois. On garde ensuite l'alcool pendant trois ans. Il est rare de voir un banquet en Chine où il n'y a pas du Maotai... Nous avons banqueté nous aussi avec le Maotai !
A noter : on fait aussi du vinaigre de sorgho et celui de cette région est le meilleur, nous dit Hélène...
A l'entrée de cette boutique :  

 
à gauche la jarre d'alcool de sorgho







à droite la jarre de vinaigre 




16 - 05 - 09 
 • Le Temple Jinci (Jin  = temple)
Situé au pied de la montagne Xuanweng, dans la banlieue sud-ouest de la ville de Taiyuan, le Temple Jinci doit son nom à la rivière Jinshui qui y prend sa source. C'est un temple commémoratif construit pour honorer la mémoire du prince Shuyu, le frère du second roi de la dynastie des Zhou de l'Ouest. C'est un ensemble cultuel qui s'étend dans un très beau et vaste parc traversé par un petit cours d'eau. On ne sait pas avec précision à quelle date il a été construit, mais on est sûr que ce n'est pas postérieur à la fin du Ve siècle av. J.-C. Il a été restauré et agrandi à maintes reprises au cours des siècles. Au 11e siècle, l'empereur Renzong de la dynastie des Song fit construire le grand temple de la Sainte-Mère à la mémoire de Yijiang, la mère de Shuyu. Cet imposant édifice à double toiture de tuiles en dos d'anguille offre en façade huit colonnes sculptées en haut-relief de dragons dorés. A gauche du Temple de la Sainte-Mère, on peut remarquer un cyprès vieux de plus de 2000 ans qui aurait été planté sous la dynastie des Zhou. Ces branches couvrent une salle entière. Dans le jardin du Temple Jinci se trouve aussi un sophora vieux de plus de 1000 ans. 
Beaucoup de choses à admirer : le "Pont volant" (en forme d'ailes déployées), vieux de mille ans - à l'origine en bois - ; le  Palais d'offrandes, tout en tenons et mortaises (1168) dédié à la mère du 3è empereur de cette dynastie (temple dit "de la Sainte Mère") ; un opéra-terrasse de plein air ; le temple de la fertilité, des gardiens toujours aussi farouches (pourtant il semble qu'on puisse les apprivoiser, leur palper le ventre porte bonheur dit-on...),



A noter : il y aurait une étude à faire sur les ventres : voyez celui-ci, détail d'un ventre de gardien à l'entrée du temple de la fertilité - ! - :



... la "salle des musiciens" 

 
(statuettes de la dynastie Yuan - qui a régné sur la Chine de 1271 à 1368, fondée par l'empereur mongol Kubilai Khan qui conquit la Chine en 1279, renversant la dynastie Song du Sud qui avait régné entre 960 et 1279 -), le temple commémoratif dédié au gouverneur Han de la région, le vieux cyprès - son fils, tout près de lui devenu comme il se doit, son bâton de vieillesse... Et pour rester dans la pyramide des âges, n'oublions pas la fontaine de Jouvence dont il faut boire, bien sûr,

 (on notera que je suis prête à toutes les expériences...)
 avant de palper cette fois le crâne du petit moine à ses pieds.

 

  
 Enfin les jardins 





où la pagode se reflète dans l'étang aux lotus...

 


 • La Maison Qiao (à 34 km au nord-est de Pingyao où nous serons ce soir) :
Construite sous le règne de l'empereur Qianlong, cette demeure de 9000 m2 (architecture Qing) est devenue célèbre grâce au film de Zhang Yimou, Epouses et Concubines. Elle fut édifiée par Qiao Guifa, un paysan du Shaanxi qui avait fait fortune en Mongolie. Elle resta dans le clan Qiao, prospère grâce à un réseau bancaire jusqu'à la guerre sino-japonaise et la prise de pouvoir par les communistes. Une vingtaine de cours, 300 pièces où vivaient 260 personnes (60 de la famille et 200 domestiques)... 
Cours, arrière-cours, dédales, entrechoquements de toits, portes sévères, ombres tamisées des fenêtres, miroirs... de quoi épier, surveiller, rêver sans doute aussi...


Aujourd'hui la maison Qiao a été transformée en musée des Traditions populaires : mobilier,

  (un miroir "une tonne" - eh oui c'est son poids - )
vêtements ("plus larges sont les manches, plus on est riche" dit le proverbe... 



et petites les chaussures de femmes !), maquettes de nouvel an chinois dans les vitrines et scènes de la vie quotidienne...

Pingyaole temple bouddhiste Shuanglin
17 heures 30 : nous voici à Pingyao (Ping = plat ; yao = loin) une région de vents de sable, nous dit Hélène.
La ville antique de Pingyao, une des villes les plus anciennes de Chine située à deux cents km de Taiyuan, capitale la province du Shanxi (nord), n'a subi que peu de changements depuis la dynastie Ming (1368-1644), et a été inscrite en 1997 au patrimoine mondial de l'UNESCO grâce à ses hauts remparts qui entourent la ville, ses rues bien préservées, ses magasins, ses temples et ses logements résidentiels construits durant les dynasties des Ming et des Qing (1644-1911).


Il reste juste un peu de temps avant la nuit, et la fermeture, pour aller admirer le temple bouddhiste Shuanglin, en dehors de la ville de Pingyao, «maison des figurines d'argile peintes» (2000 statues en argile). Mais il est tard, le soir un peu nostalgique,

 

 et nous rejoignons notre gîte, une maison d'hôte à l'intérieur des remparts de la vieille ville, dans une de ces petites voitures qui se fraient un chemin - embouteillé parfois - dans les ruelles...


  

17-05-09 –  Pingyao 

Dans la cour de la maison d'hôte où les fenêtres des galeries ressemblent à de la dentelle, le soleil est au rendez-vous... L’avenue principale qui partage Pingyao en deux est bordée de commerces, de restaurants, de temples et de musées.

Le plan d’urbanisation de la ville est une base carrée où toutes les rues se croisent verticalement et horizontalement. On l’appelle également la ville de la tortue : la porte sud étant sa tête, la porte nord, sa queue et les portes percées dans la muraille, ses pattes.

La ville fut fondée sous la dynastie Qin, il y a 2000 ans. Des premiers remparts sont édifiés 700 ans av. J.-C. avant d’être agrandis et consolidés sous les Ming, au XIVe siècle. Lieu de commerce florissant, Pingyao devient rapidement la capitale financière du pays grâce à l’implantation des premières banques. Mais Pékin a vite repris les marchés financiers de cette petite ville provinciale, la laissant dans l’oubli et la décrépitude. C’est ce qui la sauvera des pillages et incendies provoqués par les gardes rouges lors de la Révolution culturelle. Aujourd'hui c'est une ville touristique mais qui a gardé tout son charme... De petites rues commerçantes animées, 



colorées,

  





des maisons populaires traditionnelles bien alignées,

 
et des ruelles pleines de vie où les scènes de rues attirent l'oeil, bicyclettes ou tricycles - souvent trop chargés - qui se faufilent entre les passants avec une adresse étonnante, marchands, artisans, ouvriers à l'oeuvre, ou sur le pas de leur porte contemplant ces touristes étrangers qui viennent s'abattre sur leur ville et les criblent de photos, mères portant leurs enfants ou tenant le plus petit sur le caniveau ou dans un coin (la culotte s'ouvre à l'arrière, une grande fente de l'entrejambe voilà qui est pratique)...
Nous voici partis d'un bon pas à la résidence du Mandarin. En plus de faire partie du patrimoine mondial, Pingyao abrite en effet de nombreux sites historiques inscrits au Patrimoine sous protection de divers échelons.

• La Résidence du mandarin (ouest de la ville)
Les mandarins étaient les grands commis et fonctionnaires de l'ancien Empire chinois, qui devaient passer de nombreux concours pour accéder aux charges civiles et militaires. Des fonctionnaires classés selon 9 niveaux (avec 7 tenues différentes - la même pour le 1er et et le 2è niveau ainsi que pour le 6è et 7è -), le niveau le plus élevé étant le 9è... Le mandarin occupait la 7è place. Il jugeait, prélevait l'impôt, etc... Le lieu est sévère ! 


Après la visite de la prison, dans la cour un petit spectacle sur la manière dont jugeait le mandarin...

 Un peu plus loin la statue d'un ministre (qui dut être un modèle pour notre mandarin) qui est représenté entouré d'un guerrier


et d'un scribe.


Et depuis la terrasse  la vue est belle sur les toits

ou sur les rues et leur activité...

Une petite promenade jusqu'aux remparts nous en fait découvrir l'animation.

• Les remparts

Les remparts de la ville de la Pingyao d'aujourd'hui, un des murs les plus anciens et les plus larges de Chine, ont été reconstruits en 1370 sur la base de la ville ancienne. Avec une circonférence de 6 200 m, les remparts mesurent six à dix mètres de haut avec un sommet de trois à six mètres de large. 



Ils possèdent six portes de ville et quatre tourelles entourées par un fossé de quatre mètres de fond et quatre mètres de large. Les 72 tours de guet ont été construites en référence aux 72 sages et 3 000 disciples de Confucius. 


(tour d'entrée)

Vue plongeante sur les maisons, les constructions traditionnelles et la rue de l'Ouest. Une belle promenade qui aiguise l'appétit...

Et après le déjeuner, la visite de la banque Rishengchang, l’une des premières banques de Pingyao. La petite teinturerie qui s’y était installée au XVIIIe siècle s’est transformée en maison des finances lorsque le propriétaire introduisit un système de paiement par chèque et de dépôts. Un musée y est aujourd’hui installé dans lequel  on peut voir le mobilier et différents objets bancaires d’époque.
Quartier libre à 14 heures : le groupe va s'égailler, qui va admirer la découpe des papiers (1), qui va profiter d'un bon massage chinois... je me contenterai de celui des pieds après la dégustation d'un thé dans un petit bar calme et sombre comme je les aime...


Le train de nuit pour Xi'An est ce soir à 20 heures 10...
Toute l'équipe de la maison d'hôtes nous adresse de grands saluts...



(1) Le papier-découpé chinois est une forme d'art qui existe depuis l'invention du papier en Chine, il y a environ 2000 ans. Les motifs en sont des animaux, des fleurs, ou d'autres formes découpées aux ciseaux ou avec un couteau. Les papiers-découpés chinois servant essentiellement à l'ornementation des portes ou des fenêtres, ils sont aussi appelés fleurs de fenêtres ou silhouettes découpées.

18-05-09 - XI'AN
Arrivée au matin (7 heures 15) en gare de Xi'An (se prononce en deux syllabes, approximativement comme «hsi-an»). Au milieu d'un cirque de montagne, Xi'An est une ville "moyenne" avec... 7 millions d'habitants !

Nous voici à présent dans le Shaanxi. Autour de Xi'An, encore une région de sécheresse (570 mm de pluie par an) : un canal de 86 kilomètres lui apporte de l'eau en provenance du Huang He ou Fleuve JauneLa terre de la vallée de la rivière Wei He, en plein coeur de la province, «à l’ouest des cols», est bonne et fertile (on y cultive le blé et le maïs notamment). Mais à maints endroits, le sol a été emporté par les eaux. A moins qu’il n’ait été balayé par le vent...
Xi’an, capitale de la province et la plus grande ville du nord-ouest de la Chine, métropole commerciale située sur la route de la soie, a été pendant longtemps la plus grande ville du monde. Elle fut la capitale de la Chine pour la période des Zhou de l'OuestOnze dynasties la choisirent comme capitale. De l’architecture de cette période de prospérité il ne reste que peu de vestiges, le plus beau étant le mur d’enceinte, qui mesure quatorze kilomètres de long, douze mètres de haut et dix-huit mètres de large. C'est l'unique muraille doublée d'un fossé qui existe encore en bon état en Chine. Les remparts de Xian ont été construits pour protéger la ville et de façon très efficace. Il y avait à l'origine une épaisseur de trois murs pour chaque porte (est, ouest, nord, sud) d'une longueur de 14 km (3km de large par 4km de long) ; il ne reste que deux murs à la porte Est, la première porte qui ouvrait les douves a disparu ; entre les deux murs une petite cour intérieure où on pouvait faire pénétrer l'ennemi à transpercer de flèches à partir des remparts. Il y a des maisons d'archers tous les 120 mètres car la longueur de portée des flèches est de 60 mètres donc pas d'angles morts. Le mur a une pente de 5 degrés et chaque 8-10 mètres il y a des percées et un tuyau pour collecter l'eau de pluie donc en cas de siège la ville avait toujours de l'eau...
Une longue histoire donc et des trésors archéologiques : "Si vous voulez voir la Chine d'il y a cent ans allez à Shangai, si vous voulez voir la Chine d'il y a mille ans allez à Pékin, si vous voulez voir la Chine d'il y a trois mille ans allez à Xi'An" nous a dit et répété Xuebin, notre "gentil organisateur" du voyage avec Dominique :

Eh bien nous y voici... et impatients de découvrir tous ces trésors. 

• le tombeau de Qin Shihuang

 
Après l'installation à l'hôtel, nous partons à 9 heures pour le tombeau de Qin Shihuang qui se trouve à 40 km à l'est de la ville, à  Lishan (ou montagne du "Cheval noir" : on dit que l'empereur a les pieds au nord dans l'or du Fleuve Jaune tandis qu'au sud le vert de la montagne de jade lui fait un oreiller).  Il s’agit des sept mille soldats d’argile qui veillaient sur la tombe de Qin Shi Huangdi, premier empereur de la Chine unifiée (259-210 A.J.C. La tombe elle-même n’est pas ouverte au public. Les archéologues y travaillent encore). Sept cent mille esclaves auraient durement trimé ici jusqu’en 210 avant Jésus-Christ pour construire ce gigantesque palais souterrain digne du souverain. Cette armée de terre cuite qui date de 2000 ans environ a été découverte par hasard en 1974 par des paysans qui creusaient un puits. Aujourd'hui il est possible de visiter trois fosses (la plus grande rassemble 6000 statues tournées vers l'Est, essentiellement des soldats et quelques officiers). L'empereur avait fait préparer quatre fosses mais la 4è est vide. Cette armée, garde renforcée du tombeau de l'empereur Qin, aurait été réalisée au début de notre ère sous les ordres de l'empereur qui craignait de ne plus être protégé lors de son passage dans le royaume des Morts. Cet ouvrage gigantesque a demandé le travail de 720 000 personnes pendant trente-cinq ans. Chaque statue est à taille réelle (elles sont toutes différentes et mesurent près de 1,80 m de haut ce qui est une taille supérieure à celle des Chinois actuels mais également à celle des Chinois de  l'époque) et la vision de ces milliers de soldats debout aux visages tous individualisés, combattants en armes, tous figés, est un spectacle étonnant. Les soldats tenaient des armes véritables (épées, lances, arbalètes), d'autres des tambours (le son du tambour pour avancer) ou des cloches (pour reculer). A l'origine toutes les statues étaient peintes mais la peinture a disparu lorsqu'elles ont été exposées à l'air. Au IIIe siècle avant Jésus-Christ, peu de temps après la mort de l’empereur, un incendie a provoqué l’effondrement des plafonds en bois. 
On a également trouvé des squelettes de chevaux qui ont été enterrés vivants. La question des humains se pose : favorites qui n'ont pas eu d'enfants ? Ouvriers qui ont travaillé aux fosses et condamnés ainsi au secret par cet empereur à la réputation de cruauté ? 
Il nous est resté tout de même un peu d'appétit...

• La Pagode de l'Oie Sauvage
Une heure de route après déjeuner jusqu'à Changan où se trouve la Pagode de l’Oie sauvage, située à l’extrême sud Est du Temple de la Grande Compassion. Sa construction fut supervisée par le Moine Tang Sanzang pour organiser et traduire les écritures bouddhistes qu’il avait rapportées d’Inde. La Pagode de l’Oie Sauvage s’appelait originellement la Pagode de l’Oie d’après une pagode similaire en Inde. Plus tard, une Pagode de l’Oie plus petite fut construite à l’intérieur du Temple des Bénédictions de la Ville de Changan. Dans le but de faire la distinction entre les deux, les gens ont appelé celle située dans le temple de la Grande Compassion la Pagode de l’Oie Sauvage et celle du Temple des Bénédictions la Pagode de la Petite Oie.
La Pagode de L’Oie Sauvage fut construite sur une plate forme carrée avec sept niveaux et haute d’approximativement 64 mètres. La structure entière est construite de briques solides avec un escalier circulaire qui mène vers le haut. Chaque niveau a quatre portes voûtées, une à chaque côté. Depuis le haut, la ville entière de Changan s’étale devant les yeux. Nous ne sommes pas montés...
La Pagode de L’Oie Sauvage était à l’origine haute seulement de cinq étages. Elle a d’abord été remodelée par la Reine Wu Zetian de la Dyanstie Tang et plus tard par plusieurs autres restaurations majeures. La pagode a l’apparence générale d’une construction de forme conique mais chaque niveau a une forme carrée. La pagode est construite de briques grises qui imitent des colonnes de bois et de bordures. Elle est considérée comme l’une des pièces maîtresses parmi les temples bouddhistes.
Le Temple de la Grande Compassion fut construit sur l’ordre le la Princesse Li Zhi de la Dynastie Tang. Le moine Tang Sanzang était l’administrateur en chef et avait la responsabilité de l’effort de traduction des écritures bouddhistes. 

A l’intérieur du temple un clocher et un gong en face l’un de l’autre. La cloche et le tambour étaient utilisés pour envoyer des messages aux gens pour qu’ils les suivent. Le vieux dicton, "La cloche charme à l’aube et le tambour bat au crépuscule" donne une parfaite description des vies des Bouddhistes au temple. Sur le côté Est du temple une cloche de 3 mètres de haut, pesant approximativement 16,5 tonnes est suspendue juste au milieu du clocher. Traditionnellement, les fonctionnaires nouvellement promus à la cour impériale visitaient ce temple et laissaient leurs signatures sur la tour. 

Retour à 17 heures à l'hôtel : ce soir banquet de raviolis ! Eh oui je n'ai pas encore parlé de la cuisine chinoise, une des meilleures du monde (et même la première disent les gastronomes, n'en déplaise à notre chauvinisme). Elle se répartit en quatre styles de cuisine en fonction des régions : la cuisine du nord, celle de Shangai, celle du Setchuan et celle de Canton. Elle est liée à la société, à la philosophie et à la médecine. 


Les aliments ying, féminins, sont humides et mous, donc rafraîchissants : ce sont les légumes et les fruits pour la beauté, les poissons, le sésame (pour les femmes enceintes notamment), et les noix pour l'intelligence... Les aliments yang, masculins, sont frits, épicés ou à base de viande et ont un effet réchauffant (sans oublier tous les alcools contenant tortues ou serpents... Nous avons goûté l'alcool de serpent : pas de goût particulier à signaler sinon que c'est celui d'un alcool... fort !)

Ce soir donc, banquet de raviolis... Un plat particulièrement apprécié et qui est un des plats de la fête du Printemps, la plus importante des fêtes.


19-05-09

8 heures 30 départ pour le musée d'histoire... 


• Le Musée d’histoire du Shaanxi

Ce musée, avec une superficie de 60 000 mètres carrés, a été construit dans le style d’architecture Tang avec des galeries élégantes et des cours. On trouve dans ses collections plus de 115 000 reliques qui proviennent des périodes allant du 11e siècle av. J.-C. jusque l’an 907 P. J.-C.
Et nous voici passant du Pitécanthrope de la Préhistoire, des objets rituels de jade du néolithique (- 3000 à -2100) à la Chine esclavagiste de la dynastie des Zhou (21è au 12è siècle A.J.C.) - c'est l'époque de l'invention du calendrier et celle du bronze (de beaux masques rituels pour chasser les mauvais esprits) -, à la période confucéenne (du 8è au 5è siècle A.J.C.), celle des royaumes combattants (7 royaumes) dont le royaume Qin prend la tête (période dite "du printemps et de l'automne"), à la dynastie des Han (206 A.J.C. à 200 P.J.C.) - petits objets funéraires en fer qu'on enterre pour servir dans l'au-delà... sait-on jamais !) -

(ici un petit jade dynastie des Han)

puis à la Chine morcelée des années 200 à 581 P.J.C. à laquelle font suite les dynasties Sui (prononcer "sué") et Tang (681-907) la plus brillante - la porcelaine apparaît en Chine au Xè siècle -

(poterie trois couleurs dynastie Tang)












(figurines poteries de la route de la soie)

... enfin avançons un peu jusqu'à la dynastie Ming... la plus longue : 907 - 1911...
Ouf, qu'ai-je oublié ?

Suit une visite à une fabrique de Jade en passant par l'atelier avant la boutique


où s'éparpiller à la recherche du bracelet ou du collier de ses rêves...
Jade impérial ? Rouge ? Violet ? Blanc ? Ou vert ?
L'après-midi nous voit déambuler dans le quartier musulman, visitant la mosquée et les petites rues attenantes, commerçantes, colorées, grouillantes de vie...

Il y a environ 1,8% de Chinois mulsulmans (environ 20 millions) ; c'est principalement des Rhuis, une des ethnies présentes en Chine depuis environ le 7ème siècle. Surprise : la plus grande mosquée de Xi'An est de style chinois ce qui est très différent des mosquées usuelles dans les pays arabes...

Reste, après ce bain de foule, à rejoindre l'aéroport pour un départ vers Guyang plein sud...

Emportons une image d'envol avec ces cerfs-volants qui nous décorent le ciel des rues...


























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